La Palestine jusqu’en 1948 et la Nakba

Du XVIe siècle à 1947 : l’occupation ottomane et les débuts du mouvement sioniste

La Palestine sous l’Empire Ottoman : une terre prospère

Avant la conquête par les Ottomans et depuis le début de notre ère, la Palestine avait été occupée à tour de rôle par plusieurs puissances : les Romains, les Byzantins, les Francs, ou encore les Mamelouks.

Sous l’Empire Ottoman, la Palestine constituait un carrefour culturel et commercial important, et un foyer important de vie intellectuelle et spirituelle. Elle était peuplée en majorité de musulmans, mais également d’importantes minorités chrétiennes et juives, qui cohabitent pacifiquement.

Les débuts du sionisme

La minorité juive se renforce progressivement avec l’apparition du sionisme : les première colonies juives sont établies en Palestine dans les années 1880, et le premier congrès sioniste se déroule en Suisse en 1896. “Le mot sionisme apparaît à la fin du XIXe siècle pour désigner un ensemble de mouvements différents dont l’élément commun est le projet de donner à l’ensemble des Juifs du monde un centre spirituel, territorial ou étatique”, dans un contexte d’antisémitisme croissant en Europe. Alors que plusieurs territoires ont été envisagés (tels que le Kenya ou l’Argentine), c’est la Palestine qui est finalement privilégiée comme lieu pour l’établissement d’un tel centre.

En 1918, l’Empire Ottoman est vaincu par les Alliés à l’issue de la Première Guerre mondiale. En Palestine, la population juive y est alors d’un peu moins de 10%.

De 1922 à 1947 : la Palestine sous mandat britannique

Après la chute de l’Empire Ottoman, les débuts du mandat britannique

Déjà en 1916, la France et le Royaume-Uni prévoyaient le découpage du Proche-Orient après la fin de la guerre avec la signature des accords secrets de Sykes-Picot. La Palestine devait devenir une “zone internationale”.

En 1917, alors que les Britanniques souhaitent plutôt faire entrer la Palestine dans leur giron, la Grande-Bretagne se prononce en faveur de la création d’un foyer national juif en Palestine par le biais de la Déclaration Balfour, du nom de son Secrétaire d’Etat d’alors.

La Palestine est placée sous mandat britannique en 1922 par la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU, au même titre que d’autres territoires anciennement occupés par l’Empire Ottoman - qui ont tous accédé à leur indépendance, à l’exception de la Palestine.

La montée du sionisme et des contestations

Durant son mandat, la Grande-Bretagne va permettre l’accélération de l’immigration juive en Palestine, en accord avec la Déclaration Balfour. La population palestinienne est composée à près de 17% de Juifs en 1929 et 30% en 1939.

Face à l’occupation britannique et à la montée du sionisme, les Palestiniens se révoltent. Le point culminant de cette révolte se situe entre 1936 et 1939, et les Arabes palestiniens revendiquent la fin du mandat britannique, la création d’un Etat arabe indépendant et la fin de l’immigration juive sioniste.

Les Britanniques décident de confier le cas de la Palestine à l’ONU, qui établit en 1947 un plan de partage de la Palestine en deux Etats indépendants : l’un arabe (correspondant à 45% des terres de la Palestine historique), l’autre juif (correspondant à 55% de ces terres). Jérusalem doit être placée sous régime international.

Ces deux États doivent accéder à l’indépendance le 1er août 1948.

1948 : la Nakba, la catastrophe

Le massacre et l’exil des Palestiniens

La résolution de l’ONU 181 qui prévoyait la création de deux Etats indépendants ne sera jamais appliquée.

Entre 1947 et 1949, plus de 800 000 Palestiniens sont violemment chassés de leurs terres par les milices sionistes (soit plus de la moitié de la population palestinienne) et près de 15000 sont tués au cours de multiples massacres. Plus de 500 villes et villages sont détruits. Les réfugiés s’installent dans près de 50 camps créés de facto dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie. L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), un programme de l’ONU mis en place pour venir en aide aux réfugiés palestiniens est créé.

La spoliation des terres palestiniennes

L’Etat d’Israël proclame son indépendance le 14 mai 1948. En réaction à la Nakba et à la proclamation de l’indépendance d’Israël, une coalition de pays arabe déclare la guerre au nouvel Etat hébreu. A l’issue de cette guerre, en mars 1949, Israël a pris le contrôle de 77% du territoire de la Palestine, dont la majeure partie de Jérusalem.

La Jordanie et l’Egypte se partagent le reste du territoire qui devait devenir l’Etat arabe indépendant promis par la résolution onusienne : la Jordanie prend le contrôle de la Cisjordanie et de Jérusalem-est, l’Egypte de la bande de Gaza.

La Palestine a toujours été un territoire sous domination étrangère. Alors que le XXe connaît un vaste processus de décolonisation à travers le monde, la Palestine n'accède cependant pas à l’indépendance à l’instar de ses voisins. En 1948, la majorité des terres palestiniennes sont annexées au nouvel État israélien, fondé dans la violence, et le reste est occupée par la Jordanie et l’Egypte. Israël va par la suite étendre son occupation, malgré la résistance du peuple palestinien et les négociations de paix devant mener à la création d’un Etat palestinien souverain.

• Pour aller plus loin : RODINSON Maxime, Esquisse de l’idéologie sioniste, 1975 ONU, Histoire de la question de Palestine PERRIN Dominique. Palestine : Une terre, deux peuples, 2000 Cartes : “Explore how the Nakba transformed Palestine”
• Documentaires : “A world not ours’, Mahdi Fleifel, 2012 “Al-Nakba : la catastrophe palestinienne”, Rawan Damen, 2013 “Tantura”, Alon Schwarz, 2022 “Farha”, Darin J Sallam, 2021